Lors de mes quelques jours de détente, j'ai eu l'occasion de rattraper -un peu- mon retard de lecture. Un des articles que j'ai lu m'a particulièrement interpellé. C'est celui de l'anthropologue Françoise Héritier qui écrit au sujet des rapports entre les sexes et de la persistance de modèles archaïques qui entravent la liberté féminine. Voici un extrait frappant de son discours (que j'ai dû malheureusement couper à certains endroits) :
« J'ai le sentiment que, durant toute la vie, on tire profit de tout ce qui se passe autour de soi, ce qu'on lit, ce qu'on entend, ce qu'on voit, sans nécessairement donner du sens à ces scènes sur le moment. J'ai été très frappée, dans l'enfance, par des chromos (Cf images) de la fin du XIXe siècle qui représentaient les âges de la vie. C'étaient des sortes de pyramides sur lesquelles étaient figurés l'homme et la femme, à 10, 20, 40, 60 ans... Si je résume ce qu'on y voyait, disons que la femme n'y était représentée seule qu'à l'âge de 10 ans (…), ensuite, elle était toujours accompagnée (…). Quant à l'homme (…), il était seul, lui, et les années avançant, on voyait qu'il avait réussi professionnellement, qu'il était prospère,(…). Observant cela enfant, je sentais que les choses étaient bel et bien ainsi, mais je trouvais cela fondamentalement injuste (…). »
« J'ai le sentiment que, durant toute la vie, on tire profit de tout ce qui se passe autour de soi, ce qu'on lit, ce qu'on entend, ce qu'on voit, sans nécessairement donner du sens à ces scènes sur le moment. J'ai été très frappée, dans l'enfance, par des chromos (Cf images) de la fin du XIXe siècle qui représentaient les âges de la vie. C'étaient des sortes de pyramides sur lesquelles étaient figurés l'homme et la femme, à 10, 20, 40, 60 ans... Si je résume ce qu'on y voyait, disons que la femme n'y était représentée seule qu'à l'âge de 10 ans (…), ensuite, elle était toujours accompagnée (…). Quant à l'homme (…), il était seul, lui, et les années avançant, on voyait qu'il avait réussi professionnellement, qu'il était prospère,(…). Observant cela enfant, je sentais que les choses étaient bel et bien ainsi, mais je trouvais cela fondamentalement injuste (…). »
« Ces modèles archaïques sont des systèmes de représentation qui ont été construits au paléolithique, il y a quelque 500 000 ans, et qu'on nous a transmis jusqu'à aujourd'hui. Avec, en plus, le relais des religions révélées qui ont accentué ce que j'appelle la « balance différentielle des sexes », en y ajoutant les obligations proprement féminines que sont la fidélité, la virginité, la modestie, la continence, l'absence d'ambition personnelle et, surtout, le rejet du savoir. La certitude de l'infériorité des femmes, que les hommes considèrent comme naturelle, et qu'on inculque aux femmes comme étant naturelle également. Beaucoup de femmes se coulent dans cette situation, et même s'y trouvent bien, assurées d'être protégées dans le mariage, de trouver un confort dans le fait de n'avoir plus à réfléchir par elles-mêmes. Cela me fait un peu mal d'observer que nombre de jeunes filles, de jeunes femmes, considèrent que tout a été gagné déjà, qu'avec les lois imposant la parité, l'égalité professionnelle, il n'y a plus de problèmes. Elles ne voient pas que les noyaux de résistance sont dans les systèmes de représentation et dans des lieux d'élection tels que la vie domestique et la vie sexuelle (…). »
Tellement vrai... Cela m'a presque donné envie de lire Simone de Beauvoir.
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